Géopolitique Diplomatie Economie Mer de Chine

Images by DigitalGlobe, via the CSIS Asia Maritime Transparency Initiative, and CNES,

Mer de Chine – ASEAN : Stratégie légale pour contrer Pékin

Mer de Chine méridionale. L’option militaire est difficilement envisageable en raison de la puissance de la marine de guerre chinoise. Ainsi, pour contrer les actions unilatérales de Pékin, une nouvelle tendance et une nouvelle stratégie parmi les États d’Asie du Sud-Est se dégagent : le droit international de la mer.

« Les nations d’Asie du Sud-Est, avec ou sans revendications territoriales et maritimes en Mer de Chine méridionale, citent désormais, et de manière systématique, le jugement rendu en 2016 par la Cour d’arbitrage de La Haye — dans l’affaire « Philippines vs Chine » — en faveur des Philippines, comme élément-clé des droits internationaux de la mer, pour protester contre les activités de la Chine dans les eaux contestées, et éventuellement, trouver un issu aux différends » a déclaré M. Nguyen Hung Son, directeur et expert de l’Institut de recherche pour la Mer de Chine méridionale de l’Académie diplomatique du Vietnam.

Le récif de Fiery Cross dans l'archipel de Spratleys, ocuupé et militarisé par la Chine.
Le récif de Fiery Cross dans l’archipel de Spratleys, occupé et militarisé par la Chine.

 

La Cour d’arbitrage des Nations Unies de La Haye a donné raison aux Philippines dans sa plainte contre la Chine en 2016. Les juges ont rejeté la revendication territoriale de Pékin sur la ligne des neuf traits « annexant » de fait 90% de la Mer de Chine méridionale. Un fait remarquable : les Philippines, après trois ans de silence sur la décision du tribunal à la suite de l’élection du président Duterte — en essayant de s’accommoder avec Pékin —, ont fait un revirement spectaculaire en remettant officiellement la décision de l’arbitrage sur la table diplomatique. Dans les notes verbales envoyées à l’ONU pour protester les dernières actions de Pékin, en mars et en avril 2020, Manille a vivement protesté contre la création des districts « Nansha » et « Xisha » dans la « ville de Sansha » autoproclamée par la Chine, qui se trouve — affirmant Manille — sur le territoire maritime des Philippines. Rappelons que ce territoire reste revendiqué aussi par le Vietnam, la Malaisie, le Taïwan et le Brunei.

La Malaisie et le Vietnam ont fait de même en lançant des notes verbales — à l’ONU — contre la Chine. Dans ces notes diplomatiques, Kuala Lumpur et Hanoi s’engagent à aligner leurs revendications respectives sur la décision de la Cour de La Haye.

« Ce qui est remarquable aussi, c’est que la reconnaissance de la décision de cet arbitrage est également venue des pays, comme l’Indonésie et le Singapour, qui n’ont pas de revendication territoriale et maritime en Mer de Chine méridionale ! »

Exprimant à titre personnel à Asie Pacifique News, des diplomates vietnamiens et malaisiens, ont souligné l’importance de la reconnaissance du jugement, en plus de démontrer en partie que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) n’est pas « morte ».

« Nous avons appris que le Centre de recherche chinois pour les relations internationales contemporaines a soumis son rapport aux hauts dirigeants de Pékin, mettant en garde contre une hostilité internationale sans précédent à l’égard de Pékin après la pandémie. Cela indiquerait à quel point les dirigeants chinois se sentent en insécurité et environnement stratégique négatif auquel la Chine est confrontée actuellement. »

En observant les derniers développements et les tensions en crescendo en Mer de Chine méridionale, sur la scène diplomatique et géostratégique, nous voyons venir un nouveau front solidaire des pays de l’ASEAN, dans les prochains mois, en particulier du côté de Hanoi, pour faire face aux actions de Pékin.

Par Vo Trung Dung

Derniers articles dans Actualité

Go to Top