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Banc Thomas Deuxième / Second Thomas Shoal ©CSIS:AMTI DigitalGlobe

Mer de Chine : Tension sino-philippine à Ayungin

Trois navires de garde-côtes chinois ont bloqué et tiré des canons à eau sur deux navires de ravitaillement philippins qui transportaient des vivres aux forces militaires philippines stationnées sur un banc de sable depuis 20 ans.

Le commandement occidental des forces armées des Philippines a signalé l’attaque chinoise tout près du Banc ThomasDeuxième , dans les Spratleys, contrôlé par Manille, mais revendiqué par Pékin, comme le reste des 90% de la Mer de Chine méridionale.

Le Banc Thomas Deuxième — en anglais Second Thomas Shoal, en philippin Ayungin, Ren’ai Jiao en chinois mandarin et Bãi Cỏ Mây en vietnamien se trouve à 168 kilomètres des côtes philippines, mais à 965 kilomètres de l’île chinoise de Hainan, le territoire chinois le plus proche.

Depuis plus de vingt ans, les Philippines exercent un contrôle de facto sur le Banc Thomas Deuxième, une zone de basse mer située entre les côtes de la province de Palawan, dans l’ouest des Philippines, et les zones contestées — par plusieurs pays de la région — des îles, rochers et bancs de sable formant l’archipel des Spratleys.

Consciente de l’importance stratégique de cette entité, qui fait partie de la vaste zone de revendication maritime chinoise dite de « neuf-traits », l’armée philippine y a fait échouer un vieux navire-hôpital, le BRP Sierra Madre, en 1999, créant ainsi une base militaire de facto.

Afin de faire valoir les revendications philippines sur la zone, une petite unité de marines demeure en permanence sur cette « base ». Elle doit se réapprovisionner en produits de première nécessité : nourriture, carburant, eau potable.

Protestation diplomatique

Le ministre philippin des Affaires étrangères, Teodoro Locsin Jr : « J’ai transmis dans les termes les plus forts à M. Huang Xilian, ambassadeur de Chine, et au ministère des Affaires étrangères à Pékin notre indignation, notre condamnation et notre protestation au sujet de cet incident ».

Manille a averti Pékin que tout « navire gouvernemental philippin est couvert par le traité de défense mutuelle entre les Philippines et les États-Unis, » et évoque ainsi la possibilité d’une intervention conjointe avec les forces américaines en cas d’escalade du conflit.

L’administration Trump, puis celle de Biden ont clairement indiqué que « toute attaque armée contre des forces, des avions ou des navires gouvernementaux philippins dans la Mer de Chine méridionale par un tiers hostile déclenchera des obligations de défense mutuelle en vertu de l’article 4 du traité de défense mutuelle » entre les États-Unis et les Philippines.

Rhétorique habituelle de Pékin et politique ratée du président Duterte

En réponse à Manille, Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères : « Le soir du 16 novembre, deux bateaux de ravitaillement philippins ont pénétré dans les eaux près de Ren’ai Jiao du Nansha Qundao chinois sans le consentement de la Chine. Les garde-côtes chinois ont rempli leurs fonctions officielles conformément à la loi et ont défendu la souveraineté territoriale et l’ordre maritime de la Chine ».

En 2013 déjà, une flottille de navires chinois, dont une frégate, a assiégé les marines philippins dans cette zone pour les affamer. Manille a dû solliciter l’aide des États-Unis, qui y ont mené des missions navales pour repousser le harcèlement chinois.

Depuis son arrivée au pouvoir, la diplomatie du président philippin Duterte, favorable à la Chine, a échoué à produire des résultats sur le terrain. Sa politique conciliante vis-à-vis de Pékin semble encourager plutôt la Chine à se montrer de plus en plus agressive en Mer de Chine.

Les milices maritimes chinoise ou la force « grise ». L’enquête en vidéo de © Le Monde (France).

Harcèlement permanent et incidents en série

Les navires chinois des milices maritimes, des garde-côtes, de la Marine — harcèlent sans cesse les pêcheurs philippins au récif de Scarboroughen tagalog Panatag Shoal ou Bajo de Masinlóc — dans la zone économique exclusive (ZEE) philippine. Ce récif stratégique reste barré d’accès par des navires chinois à la suite d’un affrontement naval de plusieurs mois en 2012 entre les deux pays.

En 2019, un navire de milice maritime chinoise a percuté et coulé un bateau de pêche philippin dans la région de Reed Bank, dans la ZEE des Philippines. Début 2021, les Philippines ont fait décoller des avions de chasse et déployé des navires de la Marine et des garde-côtes sur le récif de Whitsun dans les Spratleys, sous le contrôle des Philippines, au milieu d’un face-à-face de plusieurs semaines avec des navires de la milice maritime chinoise.

Depuis 2016, Manille a déposé au moins 160 plaintes officielles contre les incursions chinoises dans ses eaux.

Vo Trung Dung

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Photo de Une : Image satellite du Banc Thomas Deuxième (Second Thomas Shoal)  – Source : © CSIS/AMTI DigitalGlobe


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