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Mers de Chine vues dans la presse du 25 au 31/03/2017 : Le paradoxe chinois — Les Philippines se tournent vers la Chine — Exercices taïwanais à Itu Aba 

Le paradoxe chinois : la Chine nie la militarisation, appelle à finaliser le code de conduite en mer de Chine méridionale, en même temps, elle achève des installations militaires dans les îles Spratleys — Les Philippines se rapprochent de la Chine — Le Vietnam s’oppose à aux exercices à tir réel de Taïwan autour de l’île disputée Itu Aba.

Lors d’une conférence de presse, le premier ministre chinois Li Keqiang — en visite officielle en Australie — a rejeté toute accusation de militarisation [par la Chine] en mer de Chine méridionale. Il a ensuite réaffirmé que « les installations faites par la Chine sur ces îles sont principalement à des fins civiles », mais a reconnu, par la même occasion, le fait que  « s’il y a une certaine quantité d’équipements de défense, c’est pour maintenir la liberté de navigation et le survol de la zone ». Face aux déclarations de Li Keqiang, les pays concernés par les différends maritimes dont le Vietnam et les Philippines restent cependant sceptiques.

Pour l’Australien Tim Johnston, consultant en géostratégie, ancien directeur du programme Asie du International Crisis Group : « Quand vous installez des structures en mer de Chine méridionale, dans ces eaux disputées, vous êtes susceptibles de les défendre, ce qui implique un certain niveau de militarisation ». De plus, les propos du premier ministre chinois ainsi contredisent ceux — plus martiaux — du Geng Shuang, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois visant les États-Unis : « Quand quelqu’un vous menace devant votre porte, devez-vous rester les bras croisés ? »

Les États-Unis estiment que la Chine a poldérisé plus de 1300 hectares les trois dernières années en mer de Chine méridionale. Pékin y a construit des pistes d’atterrissage, radars, ports, hangars d’aéronefs et des outils de communication. Ces accusations s’appuient sur les enquêtes et observations de Asia Maritime Transparency Initiative (AMTI), un centre de recherche lié au groupe de réflexion américain CSIS. Les experts d’AMTI les a détectés grâce aux images satellite prises le 8 février 2017.

D’autres images satellite récentes ont dévoilé le quasi achèvement de la militarisation réalisée par la Chine aux récifs Fiery Cross, Mischief et Subi. Le centre de recherche AMTI note qu’avec des constructions déjà terminées dans ce triangle stratégique de ces trois récifs — surnommés les « Big 3 » — 3 Grands, les avions militaires chinois sont capables d’opérer sur presque toute la mer de Chine méridionale. La Chine a aussi fait construire des abris fortifiés avec des toits rétractables ainsi que des hangars qui sont capables d’accueillir 24 avions de combats et quatre plus gros avions.

Dans ce contexte, et à la suite de la déclaration chinoise de sa zone d’identification de la défense aérienne — en anglais ADIZ en novembre 2013, les actions chinoises entreprises en mer de Chine  méridionale pourraient aggraver les tensions déjà très fortes dans la région. Maniant un double langage, la Chine a proposé — «  afin d’atténuer les tensions » — une réunion avec l’ASEAN en mai prochain pour discuter d’un code de conduite (COC) qui devrait établir des règles et des lignes directrices pour prévenir d’éventuelles escalades des différends et d’autres incidents.

En attendant, l’action de l’administration de Donald Trump demeure sans effet face aux agissements de la Chine en mer de Chine méridionale, tant que des opérations dites de « Liberté de navigation » — en anglais FONOP — menées par la Marine américaine demeurent timides. Notons que la Navy elle-même souhaite y appliquer des mesures plus coercitives, toutefois sans obtenir le feu vert de Washington. Pour le site d’information ultraconservateur Breitbart — pourtant proche de Donald Trump —, il s’agit là d’une hésitation du secrétaire à la défense Jim Mattis et du Conseil de sécurité nationale de sécurité des États-Unis voire d’un manque de stratégie globale pour l’Asie.

Suite à l’attitude qualifiée de « pro-chinoise » ou de « faiblesse » du président des Philippines Rodrigo Duterte, la Chine et les Philippines annoncent la création d’un mécanisme de dialogue bilatéral au mois de mai 2017 sur un règlement des différends en mer de Chine méridionale. Il s’agit d’un effort pour normaliser la relation bilatérale après une longue période affectée par les litiges territoriaux maritimes. Le dialogue réunira autour de la table les deux ministres des affaires étrangères et leurs coordinateurs pour discuter des domaines d’intérêt commun et d’un renforcement de la coopération maritime et de la sécurité régionale.

Pendant ce temps, le Vietnam réagit, par la voix de son porte-parole comme à chaque fois, contre l’exercice à tir réel de la marine de Taïwan : «  ces exercices sur l’île contestée Itu Aba constituent une violation grave ! Le Vietnam proteste avec la plus grande fermeté contre cet acte et demande à Taïwan de ne pas reproduire de tels agissements»

 

Par la Rédaction.

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