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Force Maritime Auto-Défense — Photo © US Navy Licence "CC" via Wikipédia

Exercices militaires entre le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis : la réponse contre Pyongyang s’organise… et ne passe pas par la Chine

Les troupes sud-coréennes, américaines et japonaises sont coutumières des exercices militaires collectifs pour faire face à une menace armée. Mais la nature exacte des manœuvres qui se sont déroulés du lundi 3 avril au mercredi 5 avril aux alentours de l’île de Jeju (sud de la Corée du Sud, non loin du Japon) a clairement défini la menace face à laquelle ces Etats veulent se préparer: un nouveau tir de missile depuis un sous-marin nord-coréen. Une prévision d’autant plus plausible que mercredi 4 au matin, un nouveau missile a été tiré depuis la Corée du Nord en direction de la mer du Japon, ne parcourant que quelques dizaines de kilomètres.

Les autorités sud-coréennes ne cachent même pas leur quasi-certitude de voir les forces nord-coréennes essayer de tirer un missile balistique depuis un sous-marin, comme elles l’avaient fait en août 2016, avec un engin qui avait a volé sur 500 kilomètres au-dessus de la mer du Japon et qui avait achevé sa course dans la zone de contrôle de la défense aérienne japonaise.

Selon les sources officielles, l’exercice s’est organisé autour du scénario de détection et de suivi d’un « faux » sous-marin, et sur la bonne capacité des trois forces armées à échanger des informations entre elles dans ce type d’opération. Les manœuvres vont mobiliser environ 800 hommes. Le forces d’autodéfense japonaise ont envoyé leur destroyer le Sawagiri. Les Américains, eux, un destroyer (l’USS McCampbell) équipé du système d’armement et de détection Aegis (qui équipe aussi une partie de la marine japonaise). Les forces sud-coréennes, elles, ont mobilisé également un destroyer, le Gang Gamchan. Les trois partenaires ont également mobilisé des hélicoptères spécialisés dans la surveillance marine et sous-marine.

Au-delà de la nature de cet exercice, les observateurs notent qu’il s’agit d’un accroissement de la coopération militaire entre Tokyo et Séoul qui, tout en se regardant en chiens de faïence, sont poussés à faire cause commune face aux velléités militaires de Pyongyang. En novembre 2016, les deux pays avaient signé un accord de partage des informations collectées sur les différents programmes et projets militaires de Pyongyang. En décembre, les deux pays avaient échangé avec les Etats-Unis, pour mettre au point une réponse militaire commune en cas d’agissements de la Corée du Nord.

La menace nord-coréenne a eu le mérite, en apparence du moins, de régler un conflit diplomatique entre la Corée du Sud et Tokyo depuis l’érection en janvier à Busan d’une statue en mémoire des « femmes de réconfort », ces Coréennes forcées à se prostituer pour le compte de l’armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette question, très sensible entre les deux pays et fréquemment instrumentalisé, avait poussé Tokyo à rappeler son ambassadeur à Séoul dans la foulée. Il a été annoncé son retour dans la capitale sud-coréenne le premier jour de l’exercice commun, trois mois après son départ.

Hasard du calendrier ou non, ces exercices se tiennent (et se terminent) à la veille de la rencontre au sommet entre Donald Trump et son homologue Xi Jinping. Dimanche 2 avril, la veille du début des exercices, dans une interview au Financial Time, le locataire de la Maison Blanche expliquait que « si la Chine ne règle pas la Corée du Nord, nous le ferons », laissant entendre qu’une résolution des tensions pourrait se faire sans passer par Pékin. Avec des manœuvres où les Etats-Unis s’appuient sur deux autres partenaires asiatiques, dont le Japon qui a été «  choyé »  diplomatiquement depuis l’accession de Donald Trump au pouvoir, Washington met la pression.

Damien Durand

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