Le 8 février 2021, les marines nationales indonésienne et française ont mené un exercice conjoint dans le détroit de la Sonde (Selat Sunda). Trois navires de guerre indonésiens et deux navires français, la frégate de surveillance Vendémiaire et le sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire Émeraude ont pris part à l’exercice conjoint.
Selon le commandement de la Flotte I de la marine indonésienne, cet exercice est une forme de supervision des navires d’autres pays entrant dans les eaux indonésiennes, en particulier dans le canal maritime indonésien (ALKI) I dans le détroit de la Sonde et le détroit de Malacca.
« Trois navires de guerre indonésiens à savoir le KRI Barakuda-633, le KRI Tenggiri-865 et le KRI Cakalang-852 ont participé aux exercices », a déclaré le commandant du KRI Barakuda-633 , Faisal Yanova Tanjung dans un communiqué officiel conjoint franco-indonésien.
Le contre-amiral Abdul Rasyid, chef du commandement de la 1re flotte indonésienne : « L’exercice naval servait également de diplomatie militaire. Nous espérons qu’il renforcera nos relations internationales ».
La France et le concept « Indo-Pacifique »
Florence Parly, ministre française des Armées :
« Depuis septembre, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA Émeraude) ainsi qu’un bâtiment de soutien (BSAM Seine) ont navigué jusqu’à 15 000 km des côtes métropolitaines dans l’océan Indien et le Pacifique.
Cette patrouille hors normes vient d’achever un passage en Mer de Chine méridionale. Une preuve éclatante de la capacité de notre Marine nationale à se déployer loin et longtemps en lien avec nos partenaires stratégiques australiens, américains ou japonais.
Pourquoi une telle mission ? Pour enrichir notre connaissance de cette zone et affirmer que le droit international est la seule règle qui vaille, quelle que soit la mer où nous naviguons.
Nation de l’Indo-Pacifique (~2 millions d’habitants), la France dispose de la 2e Zone économique exclusive mondiale — 11 millions de km2 dont 9 se trouvent en Indo-Pacifique. Nous entendons protéger notre souveraineté et nos intérêts. »
La France a (re)commencé à s’intéresser à l’Asie-Pacifique et dans une stratégie plus large, à l’Indo-Pacifique depuis 2013. Et aussi l’Europe. Progressivement. Avec le renouveau stratégique de l’Indo-Pacifique, la France se trouve au centre des enjeux régionaux.
Le discours d’Emmanuel Macron du 5 mai 2018 à Nouméa constitue à cet égard un tournant dans l’approche géopolitique de la diplomatie de Paris, et plus tard, de la Défense française : « La France est une grande puissance de l’Indo-Pacifique […]. Dans cette région du globe, la Chine est en train de construire son hégémonie pas à pas […]. Je crois à l’axe Indo-Pacifique, je crois à cette stratégie nouvelle que nous devons porter et qui doit se trouver au cœur de notre ambition collective […]. Et c’est d’abord une ambition géopolitique […]. Il y a un axe Paris-New Delhi-Canberra, mais cet axe-là se prolonge de Papeete à Nouméa et à travers tous nos territoires ».
Du côté de l’Amérique
Depuis le 9 février 2021, les porte-avions américains USS Theodore Roosevelt et USS Nimitz croisent en Mer de Chine méridionale, accompagnés des croiseurs lance-missiles USS Bunker Hill et USS Princeton et des destroyers USS Russell et USS John Finn. Dans le même temps, le destroyer lance-missiles américain USS John S. McCain est passé dans le détroit de Taïwan jeudi 4 février.
Sans surprise, Pékin a réagi aux activités navales françaises, indonésiennes et américaines. Toutefois, le ton était plus mesuré.
Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères : « Les États-Unis envoient fréquemment des bateaux et des avions en mer de Chine du Sud afin de montrer leur force, ce qui n’est pas favorable à la paix régionale et à sa stabilité. La Chine continuera de prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et la sécurité nationales et travaillera de concert avec les pays de la région pour fermement maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine du Sud. »
(L’article a été mis à jour le 14/02/2021 à 10h, Paris)
La rédaction, avec les agences.
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Illustration de Une : © Marine nationale de l’Indonésie.
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