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AUMX ASEAN USA - Image ©US Navy

Quand l’ASEAN et les Etats-Unis cherchent à contenir les actions de Pékin

Septembre 2019, les pays participants aux exercices navals « ASEAN-US Maritime Exercice (AUMX) » — une première — envoient à Pékin un message clair que l’ASEAN peut s’associer à qui elle veut. Et cela pourrait refroidir les tensions croissantes dans cette zone, tout en aidant à contenir les ambitions territoriales de la Chine.

« En fin de compte, ces exercices navals consistent à montrer qu’il y a en fait… la liberté de navigation et de survol en la Mer de Chine méridionale, et bien sûr, plus important encore, que les pays de l’ASEAN, ou les pays côtiers de la Mer de Chine méridionale, ont le droit et la liberté de choisir avec qui ils veulent s’associer, et sans subir la pression de quiconque, » a déclaré Collin Koh, chercheur en sécurité maritime à la S. Rajaratnam School of International Studies à Singapour.

Pékin revendique plus de 85 % de la Mer de Chine méridionale et transforme depuis plusieurs années les récifs, les hauts-fonds et les îlots  en avant-postes militaires, ce qui l’oppose aux cinq autres pays : Brunei, Malaisie, Philippines, Taiwan et Vietnam.

Les exercices AUMX, qui se déroulant sur tout le long du flanc sud-ouest de la Mer de Chine méridionale, suivent exactement — et de façon délibérée — les premiers exercices maritimes de la Chine avec l’ASEAN en octobre 2018 dans l’extrême nord de la Mer de Chine.

« La Chine exerce des pressions croissantes sur l’ASEAN pour qu’elle fasse pencher la balance en sa faveur », a souligné Carl Thayer, professeur émérite à l’Australian Defense Force Academy.

Pékin a récemment proposé le texte d’un code de conduite (COC) en Mer de Chine méridionale qu’il négocie avec l’ASEAN. Dans ce projet de code de conduite, Pékin a tenté y induire une clause obligeant les signataires à obtenir l’accord à l’unanimité en cas de participation aux des exercices militaires avec une puissance extérieure (de l’ASEAN + Chine, ndlr).

« En d’autres termes, la Chine cherche à lier l’ASEAN à ses exercices militaires réguliers et se réserve le droit d’opposer son veto à tout exercice militaire de l’ASEAN avec des pays extérieurs à la région, en particulier les États-Unis », a-t-il précisé Carl Thayer.

L’AUMX coïncide également avec un nombre croissant d’opérations dites de « liberté de navigation » menées par la Marine américaine dans la Mer de Chine méridionale pour contrer les revendications territoriales de Pékin depuis que le président américain Donald Trump a pris ses fonctions en janvier 2017.

« Conjuguée à d’autres mesures politiques prises par l’administration Trump, elle vise à souligner la persistance de la présence et de l’intérêt des États-Unis dans la mer de Chine méridionale », a déclaré M. Koh, chercheur en sécurité maritime à la S. Rajaratnam School of International Studies à Singapour.

Les actions conjointes ASEAN et Etats-Unis peuvent contenir l’expansionnisme maritime de Pékin. « Je ne dirais pas que cela va arrêter complètement la stratégie chinoise, a dit Collin Koh. Mais, au moins, cela fera que les actions menées par la Chine en Mer de Chine méridionale ne dépassent pas la ligne rouge et n’aboutissent pas à la confrontation militaire. »

A voir donc…

Par Vo Trung Dung

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