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CoVid-19 : Le variant B1.1.529/Omicron et les faits

[Mis à jour le 27 novembre 2021, à 14:45, heure de Paris.] Le « B1.1.529 », nommé « Omicron » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est le nouveau variant du virus SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19. Il vient d’être détecté en Afrique australe, grâce à la qualité de surveillance des services sanitaires sud-africains. Le variant Omicron possède des mutations « inhabituelles ». Il serait beaucoup plus transmissible que le Delta.

Il a été détecté — il y a environ deux semaines — pour la première fois en Botswana, avant de se propager en Afrique du Sud. Ce nouveau variant est qualifié de « préoccupant » par l’OMS, car il présente un grand nombre de mutations, qui peuvent avoir un impact sur le comportement pathogène du virus. 

Les premiers signes indiquent que le variant Omicron a rapidement augmenté dans la province de Gauteng, la plus peuplée de l’Afrique du Sud avec environ 15 millions d’habitants — où se trouvent déjà 80 % des cas de CoVid-19 du pays. Le nouveau variant pourrait être présent à ce moment même dans les huit autres provinces du pays.

Quels sont les pays touchés ?

Le jeudi 25 novembre, l’Institut national des maladies transmissibles de Pretoria a détecté 22 cas confirmés de ce variant. D’autres cas suspects sont encore en cours de séquençage. Les scientifiques sud-africains estiment qu’il pourrait être à l’origine de 90 % des cas de Covid-19 dans la province de Gauteng.

Des cas d’Omicron ont été détectés au Botswana voisin, en Israël, en Belgique, et à Hong Kong, où un homme de 36 ans, qui avait pris un vol en provenance d’Afrique du Sud le 11 novembre, a été testé positif à ce variant deux jours plus tard alors qu’il était encore en quarantaine. Il a ensuite infecté un autre homme de 62 ans qui logeait dans une chambre voisine dans le même hôtel. Le cas 0 hongkongais aurait utilisé un masque facial avec une valve, qui ne filtre pas l’air expiré. Les particules virales se sont ensuite propagées dans le couloir de l’hôtel.

Pourquoi l’Omicron est-il inquiétant ?

L’une des grandes préoccupations est que le variant Omicron pourrait réduire l’efficacité du vaccin en raison de son grand nombre de mutations.

La vaccination consiste à « apprendre » à l’organisme à produire des anticorps qui neutralisent la protéine spike — un péplomère appelé « protéine S » ou protéine de spicule — du virus, qui s’accroche aux cellules humaines. Mais un grand nombre des mutations d’Omicron se trouvent dans des régions de la protéine spike que les anticorps reconnaissent, ce qui fait craindre un impact sur l’efficacité du vaccin.

Le variant Omicron possède — au moins — 32 mutations dans sa protéine offensive, soit environ le double du nombre associé au variant Delta.

Le professeur Penny Moore, virologue à l’université de Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud : « La modélisation informatique suggérait que le nouveau variant pourrait être capable d’esquiver une autre partie de la réponse immunitaire conférée par les lymphocytes T. »

L’étude des premiers cas montre un autre problème : le variant Omicron semble se propager très rapidement. 

La responsable technique de l’OMS pour la Covid-19, Dr Maria Van Kerkhove  demeure plus prudente : « Nous ne savons pas encore grand-chose à ce sujet. Ce que nous savons, c’est que ce variant présente un grand nombre de mutations. Et le souci, c’est que lorsque vous avez autant de mutations, cela peut avoir un impact sur la façon dont le virus se comporte. »

L’Afrique australe interdire de voyage

La plupart des pays ont fermé immédiatement leurs frontières aux voyageurs venant d’Afrique australe. Des mesures de précaution jugées excessives par l’Afrique du Sud. Elle se sent « punie » d’avoir été responsable en informant rapidement le monde de la découverte du nouveau variant. Alors que, selon le ministre sud-africain de la Santé Joe Phaahla, de nombreux pays ferment leurs frontières aux Sud-Africains avant d’en savoir plus sur la dangerosité de ce nouveau variant.

Le samedi 27 novembre, le ministère des Affaires étrangères a protesté : « Cette dernière série d’interdictions de voyager revient à punir l’Afrique du Sud pour son séquençage génomique avancé et sa capacité à détecter plus rapidement de nouveaux variants. L’excellence scientifique doit être applaudie et non punie. Nous notons également que de nouveaux variants ont été détectés dans d’autres pays. Chacun de ces cas n’a aucun lien récent avec l’Afrique australe. Il convient de noter que la réaction à l’égard de ces pays est radicalement différente de celle des cas en Afrique australe. »

Des études sont également en cours en Afrique du Sud pour mieux comprendre la composition génétique d’Omicron et son impact sur les vaccins.

Quelle est-elle la réponse scientifique ?

Les grands fabricants de vaccin comme AstraZeneca, Pfizer, Moderna planchent déjà sur la réponse de leurs produits à Omicron. Car la protéine de spicule — qui permet au virus SARS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules — s’avère complètement différente de la souche du coronavirus sur laquelle les vaccins actuels sont basés. Il leur faudrait environ deux semaines pour comprendre, six semaines pour adapter les produits, et un peu plus de trois mois afin de sortir un vaccin spécifique capable de cibler le nouveau variant.

Dr Maria Van Kerkhove de l’OMS : « Nous devons comprendre que plus ce virus circule, plus il a de possibilités de se transformer et plus nous verrons de mutations. Il est important de réduire la transmission. C’est une affaire à suivre, je dirais que nous sommes inquiets. »

Une intervention (en anglais) de la Dr Maria Van Kerkhove de l’OMS.

La prudence de l’OMS

Le Dr Michael Ryan, directeur du Programme d’urgences sanitaires de l’OMS, a mis en garde contre les « réactions irréfléchies » à l’encontre de l’Afrique du Sud et les pays voisins.

Dr Ryan : « Cela arrive ! Les virus évoluent et nous en prenons les variants. Ce n’est pas la fin du monde. Le ciel ne nous tombe pas sur la tête. Il est certain que nous attendons simplement le prochain variant, et je ne veux pas que les gens passent leur vie à s’inquiéter de cela tous les jours. »

Dans tous les cas, les scientifiques dans le monde auront besoin de quelques semaines pour comprendre comment fonctionne-t-il le nouveau variant Omicron.

Vo Trung Dung


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