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Le porte-avion britannique HMS Queen Elizabeth. Crédit © Royal Navy

Mer de Chine méridionale : la Chine (très) remontée contre Londres

Par un communiqué officiel, Pékin avise Londres de ne pas contester les prétentions territoriales de Pékin en Mer de Chine méridionale. Rappelons que la Chine revendique entre 80 et 90% de la Mer de Chine méridionale, et ce, sans aucun fondement juridique, ni historique. Avec les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne — comme port étendard de l’UE — commencent à se montrer plus fermes face aux actions de la Chine dans cette partie océanique stratégique du trafic maritime international.

L’avertissement chinois a été lancé alors que la Royal Navy annonce son intention d’envoyer son porte-avion HMS Queen Elizabeth — un navire de 65.000 tonnes — transportant des avions américains dans les îles Spratleys.

La réaction arrogante très précoce de Pékin contre Londres montre que la Chine s’affirme désormais comme puissance sans complexe. Dans la foulée, l’ambassadeur chinois à Londres, Liu Xiaoming, a déclaré que la Grande-Bretagne « ne devrait pas faire ce sale boulot pour les autres », faisant référence explicite aux Américains. Sur cette lancée, l’attaché militaire chinois au Royaume-Uni, le général Su Guanghui a déclaré : « Si les États-Unis et la Grande-Bretagne contestent ou violent la souveraineté et intégrité territoriale de la Chine, ce serait un acte hostile ».

L’ambassadeur de Chine a rejeté l’argument de la Royal Navy de défendre le droit international en matière de liberté de navigation. « La Mer de Chine méridionale est si vaste et a une surface de trois millions de kilomètres carrés. Nous ne nous opposons pas à ce que les gens s’y déplacent… », a-t-il déclaré.

La fermeté du Royaume-Unis

Londres estime que « le Royaume-Uni maintient ses intérêts dans la région et s’engage à maintenir la sécurité régionale, et la présence des marines internationales dans la mer de Chine méridionale est normale et la Royal Navy ne fait pas exception… » a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense.

Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson : « L’une des premières choses que nous allons faire avec les deux nouveaux porte-avions, c’est de les envoyer dans cette région pour des opérations de liberté de navigation, afin de garantir cette liberté de navigation régie par le droit international qui est absolument essentielle au commerce mondial. »

La Grande-Bretagne a récemment déployé un escadron d’avions Typhoon pour mener des exercices avec la Corée du Sud et le Japon dans un contexte de tension accrue dans la région.

Le HMS Queen Elizabeth naviguera vers le Pacifique lors de son premier déploiement prévu en 2020. Kim Darroch, ambassadeur de Grande-Bretagne aux États-Unis : « Au fur et à mesure que nous mettrons en service nos deux nouveaux porte-avions en 2020 et que nous renouvellerons et mettrons à jour nos forces de défense, ils seront visibles dans le Pacifique. Et nous partageons absolument l’objectif de l’administration américaine qui est de protéger la liberté de navigation et de maintenir ouvertes les routes maritimes et aériennes. »

Il est prévu que les chasseurs furtifs F-35 du corps aérien des Marines américains soient à bord du porte-avions britannique lors du premier déploiement d’envergure de la Royal Navy dans la région. L’opération devrait être mise en œuvre en… 2021 ! Des pays européens, seuls la France — surtout — et, à une moindre mesure, la Grande-Bretagne peuvent assurer une présence en Pacifique.

L’ire de Pékin

Déjà, en août 2018, sur la route du Japon vers le Vietnam, la traversée du navire de guerre britannique HMS Albion, un cuirassé de 22.000 tonnes près des îles Paracels a provoqué une crise diplomatique entre Pékin et Londres. Pékin a qualifié cette action de « provocatrice ». Dans la foulée, la Chine a déclaré que si la Grande-Bretagne continuait d’envoyer des navires de guerre dans la région, cela constituerait une violation du territoire chinois et serait considéré comme hostile.

Depuis le début du mois de juillet 2019, la Mer de Chine méridionale a été le théâtre d’une vive confrontation entre le Vietnam et la Chine après l’envoi par Pékin du navire d’exploration géologique Haiyang Dizhi 8 dans la zone économique exclusive (ZEE) du Vietnam. Le Haiyang Dizhi 8 est reparti de la zone le 22 octobre 2019, mais d’autres navires du même type sont revenus depuis, tout en restant plus en retrait de la ZEE du Vietnam.

De nombreux pays, y compris les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Australie, ont exprimé leur opposition aux actions de Pékin. Les pays européens, par leurs actions, qu’elles soient verbales ou maritimes, montrent que l’UE commence à adopter une politique plus active en Mer de Chine méridionale.

Vo Trung Dung

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