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France, Singapour et FinTech : Une collaboration renforcée entre les deux écosystèmes d’innovation

Les Fintech représentent un axe fort pour Singapour. Le gouvernement s’est fixé comme objectif de conserver la première place financière mondiale ce qui implique d’accompagner l’intégration des startups dans le paysage économique national. De son côté, l’écosystème français de la Fintech est entré dans une phase d’accélération comme en témoignent les fonds levés : 200 millions d’euros au premier semestre 2018, contre 317 millions d’euros en 2017, d’après une étude du cabinet Exton Consulting. Dans le cadre de l’année conjointe de l’innovation France-Singapour en 2018, les deux pays ont renforcé leur engagement dans l’innovation numérique.

Singapour multiplie les mesures de soutien à destination des Fintech

En seulement deux ans, Singapour s’est imposée comme une référence mondiale en matière de Fintech. Plusieurs actions ont été menées par les institutions et notamment l’Autorité Monétaire de Singapour (MAS) pour accélérer le développement de ce secteur. Celle-ci a par exemple mis en place un groupe « Fintech Innovation » dans l’objectif d’élaborer une réglementation et des stratégies de développement adaptées. Elle a également prévu un plan de développement de cet écosystème sur cinq ans, financé à hauteur de 225 millions SGD (dollar singapourien), et est impliquée dans de nombreuses autres initiatives dans les secteurs publics et privés pour stimuler l’industrie. En mai 2016, le « FinTech Office » a été créé pour renforcer l’accompagnement des startups aux côtés des accélérateurs. Bien que l’essor des Fintech soit relativement récent à Singapour, la place abrite 10 des 15 startups les plus financées en Asie du Sud-Est.

Parmi les multiples mesures prises par la MAS, l’organisation du Singapore Fintech Festival est probablement celle qui a donné le plus de visibilité à cet État. « La première édition qui s’est tenue en novembre 2016 avait réuni plus de 13.000 participants provenant de 60 pays différents. La seconde, en novembre 2017, a confirmé le positionnement de Singapour comme référence mondiale en matière de Fintech. Cette fois, près de 30.000 personnes provenant de 100 pays différents y avaient participé. La présence française à cet événement a été particulièrement importante comparée aux autres pays. Ayant assisté à la première édition du Singapore Fintech Festival en 2016, j’ai été surprise par le nombre de personnes et la qualité des startups présentes, notamment Beacon, FitSense et Aida. À titre d’exemple, FitSense propose des assurances vie personnalisées grâce à l’intégration de données santé via des appareils connectés et des applications mobiles.

Alors que j’étais juge lors du Singapore Fintech Festival 2017, Ravi Menon, directeur général de la MAS, a présenté l’Intelligence Artificielle comme une technologie de rupture qui impactera l’ensemble des secteurs de l’économie. Cette phrase ainsi que la qualité des Fintech présentes ont été une véritable révélation et m’ont incité à créer le Centre for Finance, Technology and Entrepreneurship », précise Tram Anh Nguyen, co-fondatrice de CFTE.

Des initiatives pour faire rayonner les Fintech en France

La vague Fintech a été plus tardive en France ce qui explique en partie leur sous-capitalisation. Cela tient également du fait que les startups françaises reposent sur un modèle de financement spécifique, la plupart recourant tardivement aux financements privés. Les Fintech françaises peuvent bénéficier de nombreuses aides publiques, notamment de prêts auprès de la Banque Publique d’Investissement (BPI), de subventions régionales ou d’aides liées à l’appartenance à un programme R&D. Pour autant, 60 % des fondateurs de Fintech disent avoir des difficultés à se repérer parmi les dispositifs existants, précise une étude publiée par le cabinet Exton Consulting. Ainsi, pour le moment, ce système de financement n’est pas suffisamment robuste pour accompagner le développement des jeunes pousses et les propulser à l’international.

Pour évoluer, les startups peuvent toutefois compter sur les incubateurs dont le rôle est d’assister les porteurs de projets innovants en vue de créer une société. On distingue les incubateurs publics dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, des incubateurs privés travaillant en partenariat avec les grandes écoles et entreprises. « Début 2018, le CFTE et le Pôle de compétitivité mondial, Finance Innovation, se sont associés pour renforcer la compétitivité de la place financière française en valorisant son capital humain. Le Pôle diffusera désormais les formations délivrées par le Centre pour la Finance, la Technologie et l’Entreprenariat sur l’ensemble du pays. Ce partenariat permet aux entreprises et aux particuliers d’accéder à des programmes de formation en ligne et en classe dispensés par des experts pour soutenir les efforts d’amélioration des compétences dans les domaines de la technologie et de la finance. À l’échelle nationale, il contribuera au développement du capital humain indispensable à la croissance de l’écosystème Fintech français », ajoute Tram Anh Nguyen.

2018, l’année de l’Innovation France-Singapour

L’année de l’Innovation France-Singapour a été lancée en janvier dernier à l’occasion de la visite d’État de l’ancien président français, François Hollande, à Singapour en mars 2017. Les deux pays ont décidé d’intensifier leur coopération en matière d’innovation. Cette collaboration vise à encourager l’organisation d’événements et d’activités en France et à Singapour en se concentrant sur les secteurs prioritaires que sont notamment les Fintech. Elle est aussi destinée à poser les bases afin de renforcer une coopération bilatérale dans le domaine de l’innovation au-delà de l’année conjointe.

De fait, plusieurs événements ont rythmé l’année 2018. À Singapour : le Global Young Scientist Summit au mois de janvier, le Singapore Airshow en février, le Startup week Hackathon en juin, ou encore le Singapore Week of Innovation and TeCHnology en septembre. En France : le forum VivaTechnology en mai et le BPIFrance Inno Generation en octobre.

« Je pense que l’éducation et l’apprentissage sont le meilleur moyen de s’adapter à la vague Fintech. Nous encourageons les professionnels mais aussi les technologistes, les entrepreneurs à apprendre la finance. Le CFTE forme actuellement des personnes présentant des profils variés et de tout âge. Nous souhaitons apporter à ces participants une vision internationale du secteur Fintech qui est en plein essor », conclut Tram Anh Nguyen. Ainsi, la collaboration renforcée entre les écosystèmes d’innovation français et singapourien devrait largement profiter aux startups de la finance.

Par Nathalie Jouet.

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