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COVID-19 - l’Inde à bout de souffle - © Cam de la Fu - Venezuela

Covid-19 : Traitement et pays en développement

Après Merck et son produit appelé « Molnupiravir » en octobre dernier, Pfizer va autoriser les pays en développement à fabriquer, sans payer les royalties, le « Paxlovid », son médicament permettant de réduire la gravité et le décès des malades de CoVid-19. Selon Pfizer, ce traitement réduirait de 89%, d’après essais cliniques, le risque de maladie grave chez les adultes vulnérables.

La société pharmaceutique américaine Pfizer a conclu un accord — avec l’organisation à but non lucratif Medicines Patent Pool, soutenue par les Nations unies — pour permettre la fabrication et la vente de sa pilule expérimentale contre la Covid-19 dans 95 pays en développement. Cet accord, aussi que celui de Merck, pourrait permettre à plus de 53 % de la population mondiale d’avoir accès au traitement.

Cependant, l’exemption de la redevance exclut plusieurs pays gravement touchés par la pandémie dont le Brésil, la Chine, la Russie, l’Argentine et la Thaïlande.

Les droits en mode pro bono

Dans un communiqué publié le 16 novembre, Pfizer : « L’accord permettra aux fabricants de médicaments locaux [des pays concernés] de produire la pilule dans le but de faciliter un meilleur accès à la population mondiale ».

Pfizer ne percevra pas de redevances sur les ventes dans les pays à faible revenu. Et la société renoncerait à percevoir des redevances dans tous les pays visés par l’accord tant que la pandémie de Covid-19 restera « une urgence de santé publique désignée par l’Organisation mondiale de la Santé. »

Charles Gore, directeur du Medicines Patent Pool : « Le geste de Pfizer est important, car ce médicament oral est particulièrement bien adapté aux pays à revenu faible ou intermédiaire et pourrait jouer un rôle essentiel pour sauver des vies ».

Les traitements prometteurs contre la CoVid-19

Pfizer et les autres laboratoires adoptent presque la même stratégie thérapeutique qui consiste à « leurrer » les récepteurs et à empêcher la multiplication du coronavirus SRAS-CoV-2. Pfizer affirme que son traitement antiviral, Paxlovid, réduit de 89 % les risques d’hospitalisation ou de décès, en particulier chez les patients à risque.

Ce qui différencie le Paxlovid des autres médicaments que le corps médical a utilisés depuis le début de la pandémie, c’est qu’il permet aux patients d’être traités à domicile, grâce à l’association d’une gélule et d’un comprimé. Le traitement doit être pris par voie orale toutes les 12 heures pendant 5 jours.

Les données de l’essai de phase 2/3 en double-aveugle, avec un contrôle placebo, sur lesquelles reposent ces résultats annoncés n’ont pas encore été vérifiés de manière indépendante. Le traitement n’a pas non plus été approuvé par aucun pays pour une utilisation en dehors d’un essai clinique.

Comment ça marche ?

La protéase du SARS-CoV-2 est une enzyme clé de la réplication virale, qui permet au virus de se propager dans l’organisme. La molécule nommée Paxlovid, conçu en laboratoire, est capable d’inhiber spécifiquement cette enzyme.

En n’étant pas encore autorisé sur le marché, Paxlovid est en réalité une association de deux médicaments différents : le ritonavir, un médicament contre le VIH sous forme de gélule, et un médicament expérimental en comprimé, au nom de code PF-07321332. Le dernier est un inhibiteur de protéase — comme le ritonavir. Il bloque l’action de cette protéase qui est d’une enzyme vitale pour le SRAS-CoV-2 de faire des copies de lui-même.

Le ritonavir empêche l’organisme de métaboliser le PF-07321332. Il agit en étant d’abord décomposé par l’organisme — une sorte de « kamikaze » ou « produit sacrificiel » en langage pharmaceutique — afin de garantir qu’une quantité suffisante de PF-07321332 atteigne le virus intact.

De nombreux médicaments antiviraux potentiels

Le Paxlovid est l’un des médicaments potentiels agissant contre la CoVid-19 à utiliser à domicile. Ces médicaments pourraient être prescrits dès les premiers signes d’infection afin de prévenir les maladies graves et la mort. Les personnes géreraient leurs propres symptômes, seraient surveillées à domicile et ne seraient transférées à l’hôpital que si leur état se détériore. Ce qui soulagerait les services d’urgence.

L’autre grand géant pharmaceutique, Merck a son propre médicament antiviral, le Molnupiravir, également destiné à un usage à domicile. Son utilisation a été approuvée au Royaume-Uni et son utilisation est envisagée, bientôt, en Australie.

Il y a aussi Evusheld, le nouveau traitement d’AstraZeneca qui se trouve en ce moment sous la loupe des autorités de médicament pour évaluation. Evusheld d’AstraZeneca contient deux anticorps monoclonaux à « action prolongée » — le tixagevimab et le cilgavimab. Il s’agit d’une injection qui pourrait être administrée à l’hôpital ou en soin ambulatoire pour empêcher les infections au coronavirus de s’aggraver.

Des essais ont montré que lorsque Evusheld était utilisé avant l’infection virale, il y avait beaucoup moins de symptômes graves. Bien que ce produit puisse potentiellement prévenir la CoVid-19, il ne serait pas un substitut à la vaccination. Mais il pourrait fournir une protection supplémentaire et à minima pour les personnes qui peuvent avoir une réponse inadéquate à la vaccination ou qui ne peuvent pas être immunisées.

Les traitements déjà utilisés

Le corps médical dispose d’ores et déjà d’une gamme de traitements à utiliser en milieu hospitalier pour traiter les symptômes fréquents de l’infection, qui sont l’inflammation des poumons et les difficultés respiratoires.

Les traitements administrés à l’hôpital, aujourd’hui, comprennent le sotrovimab, le Ronapreve ou le budésonide inhalé, pour prévenir la progression de la maladie. Selon les résultats de l’essai clinique de Pfizer, Paxlovid pourrait être utilisé comme alternative au traitement hospitalier.

La question du coût

Le développement de nouveaux médicaments, en particulier au rythme requis par la CoVid-19, signifie que ces nouveaux médicaments ne sont pas bon marché. L’une des considérations pour les autorités publiques sera d’équilibrer les coûts des médicaments par rapport aux résultats de la protection de la population.

La balance se penche sans conteste en faveur de certains médicaments. Le coût quotidien d’un patient hospitalisé dans les pays développés est d’environ 5 000 et 15 000 euros pour une admission sans complication, sans CoVid-19. C’est beaucoup plus que le coût négocié — d’environ 700 dollars — d’un traitement complet, par exemple, de molnupiravir aux États-Unis.

Mais les coûts du Paxlovid, et d’autres nouveaux médicaments traitant la CoVid-19 restent pour l’heure inconnus. Ils pourraient être beaucoup plus élevés que les coûts hospitaliers. À titre comparatif, certains médicaments actuels pour d’autres pathologies comme le cancer, l’hépatite C ou le rhumatisme, peuvent coûter jusqu’à plusieurs milliers d’euros la dose.

Vo Trung Dung

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Dessin de Une : l’Inde à bout de souffle par la dessinatrice vénézuélienne © Cam de la Fu, via Cartooning for Peace.

Cam de la Fu est née à Caracas en 1992. Journaliste et artiste vénézuélienne et mexicaine, elle réalise des dessins animés, des illustrations et des animations (GIF) politiques et sociales. Avec le Cartónclub, au Mexique où elle vit depuis 2014, elle a codirigé le programme éducatif « Cartooning for Peace » (Dessiner pour la paix et la démocratie) dans les prisons et les écoles mexicaines. En 2016, elle a obtenu la troisième place du Prix national de la caricature d’El Universal dans la catégorie animation. En 2018, elle a été finaliste de la première biennale d’illustration du Mexique. Puis en 2020, la dessinatrice a remporté le prix de la jeunesse dans le cadre du prix international de la caricature féminine. Elle est un membre actif du Cartoon Movement et du Cartónclub.

Cam de la Fu a publié ses dessins dans El Universal, Hotbook Magazine, Rolling Stone, Courrier International, entre autres.

 


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