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Drone de Surveillance (USA) — Crédit photo : © US NAVY

Japon — USA : L’œil des drones sur la Corée du Nord

Le Japon et les Etats-Unis collaborent pour mettre la Corée du Nord sous la surveillance de drones américains. Ces drones — non offensifs — permettent aux forces américaines et japonaises de suivre en temps réel actions et mouvements terrestres et aériennes nord-coréens, en particulier les tirs de missiles balistiques. Cette collaboration signifie aussi le changement de doctrine de défense japonaise en vue de la réforme de la constitution pacifiste de l’archipel.

Officiellement, la manœuvre a surtout pour but d’accroître la coopération militaire américano-nippone. Mais les tensions grandissantes en Corée du Nord ne dupe guère les observateurs. Depuis le 1er mai en effet, le Japon et les Etats-Unis ont débuté un programme de développement militaire centré autour de l’utilisation commune de drones US pour des missions de surveillance. Dans le collimateur : les missiles balistiques et les installations nucléaires en Corée du Nord. Et le nouveau tir auquel a procédé le régime de Pyongyang le 14 mai ne va pas donner tort à l’objectif à peine voilé de cette mission.

C’est en effet un drone de type Global Hawk qui a quitté au début du mois la base américaine de Guam pour atterrir à Yokota,  l’une des principales bases des forces d’autodéfense japonaise située à l’ouest de Tokyo. Il devrait rapidement être rejoint par quatre autres appareils de même type. Leur mission? Recueillir des images quasiment transmissibles en temps réel pour les forces américaines et japonaises. Habituellement les appareils sont utilisés pour les missions humanitaires, notamment en cas de catastrophe naturelle, ou dans la lutte contre les mouvements terroristes. Mais c’est cette fois-ci contre les capacités militaires d’une armée régulière que les Global Hawk vont œuvrer. Ce type de drone n’est cependant pas doté de capacités offensives et, en l’état, la mission n’a pas d’autre but que l’observation.

Les médias japonais ont d’ailleurs dévoilé que cette mission a été notamment définie et confirmée par un coup de fil que se sont passés le premier ministre Shinzo Abe et Donald Trump le 1er mai et dont le contenu était entièrement centré autour de la question nord-coréenne.

De manière purement opérationnelle, ce sont les forces japonaises qui superviseront les décollages et les atterrissages des appareils, les militaires américains, eux, prenant le commandement lorsque l’avion sera à son altitude d’opération de 50.000 pieds soit environ 15.000 mètres, le tout encadré par 110 militaires et techniciens détachés pour l’occasion. La mission doit théoriquement durer jusqu’au mois d’octobre.

Mais ce nouveau pan de la coopération militaire Japon/US a aussi une dimension capitale pour le Japon : les forces d’autodéfense nippones ont en effet décidé d’acquérir en 2014 trois appareils Global Hawk. Le premier d’entre eux sera d’ailleurs déployé sur la base aérienne de Misawa, dans le nord du Japon, qui a d’ailleurs largement été rénovée. Une mission de surveillance autant utile à court terme pour la situation en mer du Japon qu’à long terme pour la mutation du potentiel militaire japonais, sous patronage américain. Avec en ligne de mire le changement voulu par le premier ministre de la Constitution pacifiste à l’horizon 2020.

Un équipement et une maîtrise de ces drones permettraient aussi, via les informations rapportées par les appareils, de mener une campagne de frappes préventives qui, selon un groupe de députés japonais ne contrevient pas à la Constitution puisqu’elles auraient un caractère « défensif », autorisé par les textes. Shinzô Abe avait assuré pourtant qu’il ne souhaitait prendre cette option… du moins dans l’immédiat, confirmant dans le même temps l’importance « d’améliorer la réponse japonaise aux missiles balistique ». C’est sans aucun doute un début de réponse que ce programme est en train d’initier.

 

Par Damien Durand.

 


Le Japon achète les drones américains.

Le Département d’État des États-Unis a approuvé le 20 novembre 2015 la vente de trois drones Northrop Grumman RQ-4 Global Hawk au Japon.

L’accord pour trois drones Block 30 Global Hawk, dont trois « Enhanced Integrated Sensor Suites »  — système de détection — et 16 systèmes de navigation, s’élève à 1,2 milliard de dollars US.

Le Japon s’est concentré sur la création de ses capacités de surveillance dans la région alors que la Chine voisine est devenue de plus en plus agressive. Le ministère japonais de la Défense a officiellement décidé de se procurer le Global Hawk, ainsi que l’avion de commandement et de contrôle E-2D Hawkeye de Northrop, V-22 Ossey et Boeing, en 2014.

« La vente [au Japon] du RQ-4 Global Hawk améliorera considérablement les capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance du Japon (ISR) et aidera à ce que le Japon puisse continuer à surveiller et dissuader les menaces régionales », selon le communiqué officiel du Japon.

Dans son communiqué, l’Agence américaine de coopération en matière de sécurité de la Défense (DSCA) a estimé que cette vente renforcerait l’alliance américano-japonaise à un moment où des tensions continuent à croitre dues aux actions menées par la Chine en mer de Chine méridionale.

« Cette vente contribuera à la politique étrangère et à la sécurité nationale des États-Unis », indique la DSCA. « Le Japon est l’un des principales puissances politiques et économiques en Asie de l’Est et dans le Pacifique occidental et un partenaire clé des États-Unis pour assurer la paix et la stabilité régionales ».

Par La rédaction.

 

Drone Global Hawk — Crédit de la vidéo © OTAN

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