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USA : Politique étrangère, de défense de Donald Trump en audition au Sénat français

Politique étrangère, défense. Que faudrait-il attendre de Donald Trump et son équipe ? Du pragmatisme, d’une certaine forme de repli sur soi — nationalisme ? — et d’une attitude plus musclée dans les affaires internationales.

A Washington, le 10 janvier 2016, les parlementaires américains débutent les auditions des nouveaux membres — proposés — de l’administration Donald Trump. Qu’ils confirmeront les nomminations ou pas. A Paris, le mercredi 11 janvier 2017, la commission des affaires étrangères du Sénat français organise une audition — sur la politique étrangère américaine de l’administration Trump — de : Maya Kandel, chercheuse associée à l’Institut du monde anglophone de l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris 3), ancienne responsable du programme Etats-Unis de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire et Célia Belin, chercheuse au Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du ministère des affaires étrangères et au Centre Thucydide (Paris 2). L’audition a été présidée par M. Jean-Pierre Raffarin.

De l’audition de deux expertes de la politique des Etats-Unis — Maya Kandel et Célia Belin — par le Sénat, il ressort : « L’Amérique d’abord ! » — America First, le slogan constant du président élu Donald Trump. Et, dans une certaine limite, le slogan, quoique vague et fourre-tout, deviendra la doctrine de gouvernance de la future administration Trump. Doctrine que le prochain président américain modérera à coup sûr à l’épreuve de la réalité.

Sur son site FroggyBottomBlog, la chercheuse Maya Kandel relève des points fondamentaux de la future politique menée par Donald Trump, sur lesquels, il ne varie pas dans ses déclarations et documents fuités à la presse.

  • Nous résumons ici : « le contrôle de l’immigration, la remise en question du libre-échange et de certains accords commerciaux, l’admiration pour les leaders autoritaires, en particulier Poutine, et le rejet d’une politique étrangère reposant sur des valeurs… »
  • En matière de défense : « La lutte contre le groupe Etat Islamique, sans plus de précision — or Trump a promis à la fois d’anéantir l’EI mais sans envoyer davantage de soldats américains sur le terrain, l’augmentation du budget du Pentagone, la cyber-stratégie et des attentions portées sur la Chine et la Corée du Nord… »

S’il ne s’agit pour le moment que des suppositions, la proposition des postes clés de la prochaine administration Trump semble accréditer l’hypothèse émise. Nous nous intéressons à trois nominations qui restent encore suspendues aux validations à venir du Congrès américain.

 

  1. Steve Bannon, le conseiller stratégique à la Maison Blanche : l’idéologue ultraconservateur, limite voire d’extrême droite.
  • Il dirige le site d’information — favori des républicains — Breibart News, dans lequel Steve Bannon soutient les politiciens « antisystème » comme Sarah Palin, se préoccupe de l’immigration et de la restauration de la culture et du pouvoir blancs et chrétiens. Il considère que « le monde judéo-chrétien est engagé dans une lutte à mort contre l’islam vu comme une idéologie politique globale ». Il voit « les mouvements d’extrême-droite européens comme des alliés naturels et cultive les liens, notamment avec le FN en France où il veut lancer une version locale francophone de Breitbart. »
  • Sur d’autres fronts, Steve Bannon comme Rex Tillerson, proposé comme Secrétaire d’Etat, équivalent du ministre des affaires étrangères — jugent « la Chine comme une menace bien plus sérieuse que la Russie. » Ce qui explique l’attitude conciliante vis-à-vis de la Russie dans le but de circonscrire Pékin. Nous attendons ainsi l’administration Trump adopter « une attitude plus dure vis-à-vis de la Chine, sur les questions commerciales — la nomination de Robert Lighthizer comme représentant pour les négociations commerciales, — un rapprochement avec Taiwan, et un renforcement de la posture militaire américaine en Asie Pacifique… »

 

  1. Rex Tillerson, proposé comme Secrétaire d’Etat : le parfait « pétrolier », l’ex patron d’ExxonMobil, (réputé) intègre.
  • Les observateurs le considèrent comme proche de Vladimir Poutine et avec un grand nombre de dirigeants internationaux. Des relations tissées durant ses 10 ans à la tête d’ExxonMobil. Rex Tillerson jouera sans doute la carte Moscou. Ou au moins, il favorisera l’apaisement russo-américain.
  • Bousculé par les questions des parlementaires qui devront le confirmer ou non à la tête de la diplomatie américaine, Rex Tillerson parait d’abord conciliant avec Moscou, puis devient plus critique sur la Crimée et la Syrie, en prenant à contre-pied ses détracteurs : « La Russie représente aujourd’hui un danger. Mais elle n’est pas imprévisible. Elle a envahi l’Ukraine, notamment en s’emparant de la Crimée et elle a apporté son soutien aux forces syriennes qui ont violé avec une grande brutalité les lois de la guerre…Nos alliés de l’Otan ont raison de s’alarmer de la résurgence de la Russie ». Il affirme ensuite que les activités russes récentes « sont allées à l’encontre des intérêts américains », tout en soulignant à moitié dédouanant que Moscou « cherche à se faire respecter sur la scène internationale ». Il continue : « Nous ne serons probablement jamais amis avec la Russie, en raison de la différence de nos systèmes de valeurs ».
  • Vis-à-vis de Pékin, Rex Tillerson partage avec Steve Bannon l’opinion négative sur les actions de la Chine. Devant les parlementaires américains qui l’auditionnent le 12 janvier 2016, il dit en substance : « Nous allons barrer l’accès de la Chine à ses îles artificielles en mer de Chine… »
  • Rex Tillerson part plutôt favorable à la confirmation par le Congrès.

 

  1. James Mattis, Secrétaire à la défense, équivalent du ministre de la défense : le militaire professionnel, cultivé et indépendant d’esprit.
  • La nomination de ce général légendaire des Marines fait la quasi-unanimité de l’opinion et des commentateurs. C’est un militaire de terrain qui possède de grande expérience des guerres américaines au Moyen-Orient, à la personnalité charismatique aux réflexions nuancées et pas allergique au consensus. En somme, un général aux accents de diplomate, il est « considéré comme favorable aux alliés traditionnels des Etats-Unis, notamment les Etats arabes sunnites, ce qui explique aussi son antagonisme vis-à-vis de l’Iran. Méfiant s’agissant des guerres idéologiques et de l’idéalisme en politique étrangère, il est très attaché à l’indépendance des pays baltes, plutôt méfiant vis-à-vis de la Russie et fermement pro-OTAN. Il s’est aussi prononcé contre la torture, et aurait dit à Trump que quelques bières et cigarettes sont plus efficaces… »

 

Nous attendons la suite de l’histoire après la passation présidentielle le 20 janvier 2017…

Par Vo Trung Dung et la Rédaction.

L’audition filmée (durée 1h25)

https://youtu.be/Ts07mYrDAps

Source du document vidéo : le Sénat (France)

 

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