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Benoît De Tréglodé, directeur de recherche, IRSEM. Photo (c) DR

Un entretien avec Benoit de Tréglodé, directeur de recherche, IRSEM. Par Nguyễn Thụy Phương

Le Vietnam complexe, multifacette et hors clichés ? A l’occasion de la sortie de l’ouvrage collectif Histoire du Viêt Nam de la colonisation à nos jours, nous vous présentons un entretien avec Benoit de Tréglodé, directeur de l’ouvrage. L’entretien a été réalisé par la chercheuse Nguyễn Thụy Phương de l’Université de Genève. Alors, pensez-vous connaitre vraiment le Vietnam ? L’essentiel demeure dans le « vraiment » ! C’est Benoit de Tréglodé, directeur de recherche à l’IRSEM – Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole militaire du Ministère des Armées, l’un des chercheurs politologues — ils sont peu nombreux — à connaitre intimement le Vietnam qui va vous répondre.

Nguyễn Thụy Phương : Le livre Histoire du Viêt Nam de la colonisation à nos jours dont vous êtes directeur de publication est-il né dans l’objectif de dépasser les clichés des Français sur ce pays ou de renouveler l’historiographie des études vietnamiennes ?

Benoit de Tréglodé : En France et au Viêt Nam, les clichés persistent entre nos deux peuples. Un cliché, c’est tellement confortable, ça fait rêver, on peut s’assoir dessus et souvent cela évite de trop penser ou de se remettre en question. Et pourtant, le Viêt Nam d’aujourd’hui ne ressemble pas à celui qu’une grande majorité de Français imaginent. Et à l’inverse, cela va de soi, la France actuelle ne correspond plus tellement au portrait que s’en font bon nombre de Vietnamiens. Si j’ai choisi de commencer le livre en regrettant la force de ces images, c’est aussi car dans mon travail j’ai souvent été conduit à regretter leurs impacts négatifs. Rêver de l’Asie, ou de la France vue de l’autre côté, c’est romantique mais cela ne facilite pas les échanges ni la capacité à se comprendre et à travailler ensemble.

C’est grâce à vos différentes positions en tant qu’observateur, chercheur et analyste politique que ces remarques résultent ?

En effet, j’ai fait un choix dans ma carrière d’alterner recherche en sciences humaines et sociales avec des postes parfois plus opérationnels destinés à mettre en pratique ce savoir universitaire. Je crois pouvoir dire que ce livre est né de mon expérience passée en tant que chef du bureau Asie-Pacifique de la Délégation des Affaires stratégiques (DAS), un poste occupé pendant deux ans à mon retour d’Asie où j’avais dirigé l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine (IRASEC). J’ai toujours eu le souhait de voir comment le savoir universitaire pouvait être utilisé dans le processus de décision étatique. Et si je me sens profondément attaché à mon métier de chercheur, j’assume aussi pleinement ce besoin d’aller-retour entre une réflexion académique et l’idée de mettre parfois les mains dans le cambouis. Pour moi, un chercheur est au cœur de la société, il ne s’enferme pas derrière les murs de son université ou dans sa communauté des collègues enseignants-chercheurs et les étudiants.

Et donc, quelle était l’historiographie française sur le Vietnam avant votre génération ?

Dans les années 1960-1970, les milieux intellectuels et les sciences humaines et sociales en particulier étaient largement au service d’une quête idéalisée de la révolution socialiste. Les travaux sur le communisme dans les pays du Tiers-Monde étaient nourris d’une forte culpabilité anticolonialiste. Avec la disparition de l’Union soviétique et la fin de la Guerre froide, les recherches sur le Viêt Nam d’après les guerres d’indépendance se sont paradoxalement raréfiées en France. Sans guerre ni idéologie, le pays attire un peu moins les regards. Il faut admettre que cette difficulté à saisir le Viêt Nam post-conflit, aussi audacieux géopolitiquement qu’agressif économiquement, n’a eu d’écho que dans la lente disparition de la France dans la culture de ce pays. Et pourtant nous devons continuer à étudier et suivre de près les transformations de ce pays en dehors des lignes fortes de son histoire guerrière.

Le Viêt Nam des années 1990 n’avait plus grand-chose à voir avec celui de nos ainés, tel était du moins le constat d’une grande partie d’entre nous. Pour mieux comprendre la distance qui nous séparait de l’époque précédente, je recommande la lecture de l’article de Jean Chesneaux, « Fondements historiques du communisme vietnamien » publié en 1969. Il est clair qu’il n’est plus possible aujourd’hui d’écrire de cette façon l’histoire du Viêt Nam. Il est vrai qu’à cette époque j’étais plutôt mal à l’aise avec cet héritage. Je me tournais vers les écrits de la génération antérieure, celle des Philippe Devillers (1920-2016), Bernard Fall (1926-1967) et bien sûr de Paul Mus (1902-1969). J’étais convaincu que les approches militantes qui ont été au cœur de la lecture de l’histoire et de la société vietnamienne depuis les années 1960 reprenaient des oppositions en partie étrangères aux dynamiques de la société vietnamienne, et cela me dérangeait.

Qu’observez-vous du côté de la France en tant qu’analyste politique ?

De cette expérience, je retenais que la France n’avait pas très bien compris le recentrement vers l’Asie de son ancienne colonie. J’ai eu très vite le désir de préparer un livre qui offre une image du Viêt Nam plus conforme à ce que je pense être la réalité de ce pays. L’objectif de ce travail collectif est de montrer la nouvelle identité du Viêt Nam, un pays ancré dans sa région qui s’est émancipé de ses alliés et ennemis d’hier, la France, la Russie ou les États-Unis, et qui se situe désormais au centre des enjeux stratégiques en Asie.

En France, le fantasme d’un Viêt Nam postcolonial, francophile et francophone, perdure dans la tête de nos élites, et cela en grande partie parce qu’il rassure. En 1993, la visite du président socialiste François Mitterrand avait marqué le tournant d’une ère dans les relations franco-vietnamiennes. Notre « histoire commune » devait faire du Viêt Nam un point d’appui naturel en Asie pour permettre à la France de regagner influence politique et parts de marché. Les espoirs étaient immenses ; intellectuels et politiques se mirent à voir dans les anciennes colonies une page blanche pour redessiner l’étendue de nos utopies. L’euphorie retombée de ces années n’a laissé place qu’à de l’indifférence. Avec près de 12 000 Français expatriés dans ce pays — mais plus de 250 000 Sud-coréens, — le Viêt Nam continue d’attirer des candidats fascinés par son dynamisme économique et par le romantisme des clichés indochinois. Mais l’influence de la France a fortement diminué, d’un point de vue culturel, linguistique, politique et bien sûr économique représentant moins de 1% de part de marché en 2017. Dans certains secteurs, elle risque même de totalement disparaître.

Revenons à votre ouvrage collectif, comment est-il structuré, de façon thématique ou chronologique ? Quelles disciplines de recherche ont été mobilisées pour décrire ce pays ? Quelles sont les approches de recherche des auteurs ?

Dans cet ouvrage collectif, le choix des thématiques et la question des approches de recherche a été l’objet d’une longue réflexion. Pendant des décennies, le choix d’un sujet de recherche dans les études vietnamiennes a représenté un enjeu idéologique. Il y avait des sujets que l’on pouvait étudier comme le communisme, le néo-confucianisme, l’architecture, les pratiques artistiques, le monde villageois et les cultures populaires, et d’autres qu’il était préférable de contourner comme les mouvements nationalistes non communistes, les « sectes » et le renouveau religieux, les acteurs sécuritaires, la question des droits de l’homme, les mouvements activistes, la politique ethnique.

Avec la fin de l’empire soviétique, la recherche française sur le Viêt Nam a dû se réadapter, mais elle n’a pas pour autant réussi à s’émanciper complètement d’une historiographie d’État pour qui l’étude des origines culturelles de la République socialiste du Vietnam était devenue une priorité politique.

Au Viêt Nam, j’ai souvent été surpris de cette volonté des autorités d’orienter, consciemment ou non, les travaux des chercheurs, et des universitaires étrangers « amis du Viêt Nam », vers l’étude des rites et des coutumes d’une tradition millénaire. Cette approche revenait pour les Vietnamiens à conforter l’Occident dans sa conception de l’ouverture politique. Le village devenait le réservoir des traditions d’un pays isolé des flux de la société qui l’entourait. Le retour sur ce passé immuable reléguait en arrière-plan la « nouvelle société » d’inspiration socialiste qui n’arrangeait plus. A l’inverse, étudier l’histoire du communisme raccrochait le Viêt Nam à un passé que son présent cherchait à mettre au second plan par rapport à ce qui devenait essentiel dans les années 1990 pour comprendre ce pays, l’étude des traditions culturelles — truyền thống văn hóa — et la culture populaire — văn hóa dân gian. Cet angle d’étude ne pouvait donc qu’être louable car, pour faire simple, cela ramenait à une construction idéalisée. Mais le « village traditionnel » de nos jours au Viêt Nam, tout comme celui de « l’homme nouveau communiste » des décennies précédentes, relève pourtant toujours bel et bien d’un même fantasme collectif et d’une construction politique. Et en sciences humaines, on sait bien que tout est affaire de continuité et de longue durée.

Qui sont les auteurs de l’ouvrage ?

J’ai toujours montré un grand intérêt pour alterner recherches individuelles sur le Viêt Nam et échanges collectifs faisant œuvre de synthèse sur ce pays. C’est toujours passionnant de construire un livre à plusieurs, surtout quand cette diversité implique des différences d’âge, de sensibilité ou de parcours personnels et professionnels. Travailler sur le Viêt Nam s’est imposé naturellement d’autant plus que ce livre regroupe des spécialistes du Viêt Nam ayant réalisé leurs terrains de recherche doctorale respectivement dans les années 1990 comme Jean-Philippe Eglinger, Christophe Gironde, François Guillemot, Peter Bille Larsen et Benoît de Tréglodé, en 2000 avec Sylvie Fanchette, Pierre Journoud, Candice Trân Dai et en 2010 de Marie Gibert-Flutre, Emmanuel Pannier, Marie de Rugy et Paul Sorrentino. Je n’ai pas seulement voulu mélanger les générations, ce qui m’a surtout intéressé a été de croiser des expériences de terrain différentes, à des époques et sur des territoires différents — au nord ou dans le sud du pays, dans les campagnes, les provinces montagneuses ou en milieu urbain, etc., et bien sûr des approches disciplinaires complémentaires — historiens, géographes, politistes, économistes, anthropologues, démographes et sociologues.

Quels sont les plus grands défis des auteurs pour décrire et analyser les mutations profondes de ce pays ?

Pour parvenir à ce degré d’analyse, je me suis fixé trois objectifs principaux.

Ma première volonté a été d’écrire une histoire asiatique/vietnamienne du Viêt Nam, c’est-à-dire une histoire qui s’appuie autant que possible sur des sources vernaculaires issues d’une société qui n’a pas été pensée ni produite par les puissances extérieures, successivement la France, l’Union soviétique, la Chine ou aujourd’hui la quasi seule recherche anglo-saxonne.

Le deuxième objectif a été de poser des jalons d’une histoire à la fois globale du Viêt Nam qui prenne en compte la diversité de ses acteurs étatiques et infra-étatiques, politiques, culturels et religieux sans négliger la dimension transnationale de ses réseaux politiques comme des soutiens internationalistes dans le bloc des pays socialistes au cours de la seconde moitié du XXe siècle, à la géographie diversifiée de sa diaspora, populeuse et politisée et les contraintes géopolitiques propres à chaque époque et pays.

Enfin, le troisième objectif de cet ouvrage est de proposer une lecture transdisciplinaire qui tienne compte des dernières avancées historiographiques sur le sujet tout en restant toujours autant que possible empirique et en prise avec la réalité quotidienne du pays.

Ces trois dimensions devaient nous permettre d’éviter les écueils des lectures trop ouvertement occidentalo-centrées en partie étrangère aux dynamiques de la société vietnamienne. Les auteurs traitent notamment des traces laissées par l’histoire, de ces différends « marquages identitaires », dans le traitement de la modernisation de son modèle économique, de la transformation du monde rural, de la transition urbaine, des grands « équilibres » démographiques, religieux, et des nouvelles données de sa société civile ou la transition écologique et environnementale. En d’autres termes, mon ambition a été de retranscrire la complexité d’une société en mutation permanente, de refuser les discours binaires simplistes et toute tentative d’instrumentalisation.

A quels publics cet ouvrage s’adresse-t-il ?

En France, les éditeurs proposent surtout des ouvrages touristiques sur le Viêt Nam, des textes d’histoire sur la période coloniale ou des textes sur la guerre du Viêt Nam contre les Américains et/ou des souvenirs d’anciens militaires pendant la guerre d’Indochine et la bataille de Diên Biên Phu. Avec Histoire du Viêt Nam de la colonisation à nos jours, j’ai souhaité proposer à un public plus large, grâce notamment au format de poche et à son prix modéré, un livre élaboré de manière didactique, sans vouloir nécessairement relier le Viêt Nam à sa seule relation avec la France. Nous visons donc ce qu’appellent les éditeurs un « public cultivé » qui s’intéresse à ce pays d’Asie du Sud-Est. Il n’est pas bien entendu question de tourner le dos à un public d’étudiants ou de chercheurs sur l’Asie du Sud-Est, mais je ne cacherai pas que j’aimerais aussi que ce livre touche un public de lecteurs francophones un peu plus large comme hommes d’affaire, diplomates, militaires, journalistes, ONG, organisations internationales, artistes, etc.

Comment les politiques de rénovation et d’ouverture du Vietnam ont-elles impacté les études vietnamiennes à l’échelle internationale ?

La première conséquence des politiques de rénovation au Viêt Nam au début des années 1990 s’est matérialisée pour les chercheurs français par un retour sur le terrain. En juin 1993, le centre de Hanoi de l’Ecole française d’Extrême Orient (EFEO) a rouvert ses portes après 34 années d’absence dans le pays. D’une manière plus générale, la fin de la guerre froide et le pragmatisme économique marqué par un besoin de renouvellement des expertises sur le Viêt Nam se sont concrétisés par l’arrivée d’une nouvelle génération de doctorants clairement moins politisés. La première conséquence de l’ouverture a été d’ancrer le cadre de nos recherches à des terrains concrets comme archives locales, campagnes d’entretiens, observation participative.

Cela a peut-être l’air de rien et pourtant cela a tout changé par rapport à nos aînés. Nos sources scientifiques n’étaient plus seulement imprimées et politique, elles devenaient soudain humaines et moins dogmatiques. Ces nouvelles opportunités nous ont amené à faire au quotidien de la recherche avec nos collègues vietnamiens. Lorsque je vivais à Hanoi, j’enseignais à l’Académie des Sciences sociales, sous sa dénomination d’alors, le Centre national des Sciences humaines et sociales. Ainsi, quand j’ai préparé dans les années 2000 l’ouvrage Viêt Nam contemporain en deux éditions successives chez l’éditeur les Indes Savantes, j’ai naturellement fait appel à plusieurs chercheurs vietnamiens. Depuis cette époque, les relations scientifiques se sont fortement développées entre les instituts ou centres de recherche français et vietnamiens avec la mise en place de conventions de recherche à l’origine de projets binationaux, de groupes de recherche mixte et nombreuses publications conjointes.

D’après vous, où en est-on des études vietnamiennes en France ? Depuis 30 ans, comment les études vietnamiennes à l’étranger ont évolué en termes de sujets, de disciplines ou d’approches ? 

Depuis quelques années, une nouvelle histoire du Viêt Nam est en train de voir le jour hors de ses frontières grâce à l’étude des sources en vietnamien, en chinois, en russe et grâce à l’utilisation des fonds d’archives issus de plusieurs pays de l’ancien bloc socialiste comme l’Allemagne de l’Est, la Hongrie et la Pologne notamment. A titre d’exemple, le livre Vietnam. A New History de l’historien Christopher Goscha publié en 2016 est une étape dans ce renouveau historiographique. Ces relectures historiques hétérodoxes contredisent parfois la linéarité d’une histoire officielle de la République socialiste du Vietnam qui accorde au régime une place naturelle dans la généalogie de leur pouvoir face à un monde qui change. Avec Histoire de la colonisation à nos jours, j’ai souhaité tourner le dos à une temporalité dictée trop directement par le politique.

La communauté scientifique sur le Viêt Nam a longtemps été divisée entre d’un côté les spécialistes de la colonisation (1852-1954), et de l’autre ceux du Viêt Nam communiste —depuis 1945, et les contemporanéistes qui sont anthropologue, économiste, politiste, démographe, etc. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec le caractère un peu rigide de cette segmentation. Ce livre m’a donné les moyens de faire sauter quelques verrous, et notamment celui de la ligne de séparation entre histoire coloniale et histoire du communisme, mais aussi le diktat très officiel des deux tournants mythiques de l’histoire du communisme vietnamien, la révolution d’août 1945 et le lancement du Đổi mới de 1986. La création de la République démocratique du Vietnam en 1945 n’a pas le statut de porte d’entrée officielle du Viêt Nam dans l’histoire contemporaine tout comme le Đổi mới de 1986 qui ne symbolise pas à lui tout seul l’entrée du pays dans la modernité.

Pourriez-vous nous parler des perspectives des relations franco-vietnamiennes suite à la visite officielle en France du Secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyễn Phú Trọng en mars 2018 ?

Depuis trente ans, le Viêt Nam a réévalué ses priorités avec pragmatisme. Sa rapide ré-asiatisation (politique, économique et culturelle, ndlr) s’est traduite par l’élaboration de nouveaux canaux d’échanges avec sa région, tournant le dos sans crier gare à près de deux siècles de face-à-face avec l’Occident. Le pragmatisme idéologique des élites politiques vietnamiennes, l’apolitisme de la population et de sa nouvelle classe moyenne urbaine, le libéralisme de son nouveau modèle économique et le désintérêt croissant et décomplexé pour la langue de Molière et ses valeurs ont progressivement éloigné le pays de la France, cette dernière étant désormais mise en concurrence avec le reste du monde, et notamment avec les pays d’Asie. Et pendant ce temps en France, on n’approche toujours pas le Viêt Nam de la même façon et pour les mêmes raisons que l’on peut s’intéresser, par exemple, à l’Indonésie ou au Myanmar. En dépit de toute rationalité, l’exotisme se mêle encore au souvenir, qu’il ait directement marqué une histoire familiale ou qu’il trouve sa place dans la mémoire collective. Mais le temps passe, les souvenirs s’estompent et les générations se succèdent. Ce qu’il reste de cette familiarité, qui a longtemps contribué à la reconnaissance en France de l’altérité vietnamienne, est en train de disparaître…

A titre personnel, j’aimerais croire que l’on continuera de trouver au Viêt Nam et en France des hommes et des femmes avec le désir de bâtir une relation franco-vietnamienne dynamique qui, sans totalement tourner le dos à l’histoire, s’ancre davantage dans la réalité de nos sociétés contemporaines, complexes et changeantes.

 

Entretien réalisé par Nguyễn Thụy Phương, chercheuse associée à l’équipe de recherche en histoire sociale de l’éducation, l’Université de Genève.

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Benoit de Tréglodé, Directeur de recherche, IRSEM (L’institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire)Ancien pensionnaire du centre de Hanoi de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) pendant sa recherche doctorale, Benoit de Tréglodé a dirigé l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est (Irasec) de 2008 à 2012 , il est membre statutaire du Centre Asie du Sud-Est de l’EHESS-CNRS. Il est auteur notamment de Héros et révolution au Viêt Nam, éditions Les Indes Savantes, 2013 et dirige Histoire du Viêt Nam de la colonisation à nos jours, Editions de la Sorbonne, 2018).

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